Date de publication : le • Modifié le 11 août 2021 • Temps de lecture : 3 min.

Rôle de l’environnement dans les maladies chroniques

Rôle de l’environnement dans les maladies chroniques

 

 

En France, 14 millions de personnes sont touchées par une maladie chronique parmi lesquelles 3,5 millions sont diabétiques. Le risque de décès prématuré entre 30 et 70 ans d’une des quatre principales catégories de maladies chroniques (maladies cardio-vasculaires, cancers, diabètes et affections respiratoires chroniques), dites « maladies non transmissibles » (en opposition avec les « maladies infectieuses ») est de 11 % (14% pour les hommes et 7 % pour les femmes) 1.

Selon l’OMS, les maladies chroniques sont responsables de plus de 36 millions de décès dans le Monde chaque année dont près de 17,3 millions sont attribués aux maladies cardio-vasculaires, 7,6 millions aux cancers, 4,2 millions aux maladies respiratoires et 1,3 million au diabète2.

Qu’appelle-t-on un maladie chronique ?

On appelle « maladie chronique » une pathologie évolutive et de longue durée pouvant entrainer des complications graves, voire une invalidité temporaire ou définitive. Les maladies chroniques comprennent principalement les maladies cardiovasculaires (athérosclérose, hypercholestérolémiehypertension artérielle, insuffisance coronaire, insuffisance vasculaire cérébrale, insuffisance respiratoire, arythmie…), les cancers, le diabète (type 1 et 2), les maladies respiratoires (bronchopneumopathie chronique obstructive, asthme…), les maladies neurodégénératives (Alzheimer, Parkinson, la sclérose en plaque…), certains troubles mentaux (dépression, schizophrénie…), ainsi que certaines maladies rares ou orphelines (mucoviscidose, drépanocytose…).

Maladies chroniques : les principaux facteurs de risque

En à peine un siècle, les causes dominantes de mortalité dans le pays ont radicalement changé, passant des maladies infectieuses aux maladies chroniques : les chercheurs définissent ce changement majeur de « transition épidémiologique » et mettent principalement en cause l’environnement.

Plusieurs facteurs environnementaux tels que l’alimentation, le mode de vie, l’environnement physique, biologique, chimique, psychique, social et médical jouent un rôle majeur dans l’apparition, le développement et l’aggravation des maladies chroniques. Ainsi, le tabagisme régulier, la consommation excessive d’alcool, une alimentation trop calorique et riche en mauvaises graisses, le manque d’activité physique, la sédentarité et l’obésité augmentent considérablement les risques de maladies chroniques, en particulier les maladies cardio-vasculaires et respiratoires, les cancers et les diabètes :

  • Le tabagisme est la première cause de décès évitable en France. En 2015, il a été estimé que plus de 75 000 décès étaient attribuables au tabagisme, ce qui correspond à environ 13% des décès survenus en France métropolitaine3. Dans le monde, le tabac tue 6,6 millions de personnes par an dont 6 millions par tabagisme actif et 600 000 par tabagisme passif. En effet, la fumée d’une cigarette se consumant seule libérée dans l’atmosphère contient pas moins de 4 000 substances chimiques parmi lesquelles 250 ont été identifiées comme nocives et plus de 40 comme cancérigènes. Le tabagisme est également pour les non-fumeurs exposés à la fumée de tabac.
  • L’usage nocif de l’alcool entraine chaque année en France 49 000 décès, il est la deuxième cause de décès évitable dans le pays. Sur le long terme, la consommation régulière et excessive d’alcool favorise l’apparition et le développement de certains cancers, en particulier ceux des voies aérodigestives supérieures, de maladies digestives (cirrhose du foie, pancréatite…), de maladies coronariennes et d’accident vasculaire-cérébral.
  • La sédentarité est à l’origine de plus de 3,2 millions de décès chaque année dans le Monde. Le manque ou l’inactivité physique double le risque d’obésité, de diabète de type 2 et de maladies cardio-vasculaires.
  • La mauvaise alimentation joue un rôle prépondérant dans l’épidémie d’obésité. Une alimentation trop calorique et trop riche en graisses s’avère néfaste pour la santé et augmente les risques de diabète de type 2, de cancers, d’hypercholestérolémie, d’athérosclérose et autres maladies cardiovasculaires. Selon l’OMS, 1,7 millions de décès dans le Monde sont attribuables à une trop faible consommation de fruits et légumes.
  • L’obésité est un important facteur de risque de maladies chroniques, notamment les maladies cardio-vasculaires, le diabète, les troubles musculo-squelettiques et certains cancers. Elle résulte d’une alimentation riche en calories et en graisses associée à une inactivité physique. 1,4 milliard des personnes de 20 ans et plus dans le Monde présentent un excès de poids dont 500 000 millions sont obèses. En France, 15% de la population souffre d’obésité.
  • La pollution participe également de façon majeure à l’apparition, au développement et à l’aggravation des maladies chroniques4. Alors que les effets de la pollution atmosphérique sur les maladies respiratoires sont largement reconnus, 50% des 6,7 millions de décès estimés attribuables à la pollution de l’air en 2019 sont dus aux maladies cardiovasculaires. À l’échelle mondiale, près de 20% des décès dus à des maladies cardiovasculaires étaient attribuables à la pollution de l’air. La pollution de l’air serait classée comme le 4e facteur de risque de mortalité, avec plus de décès attribuables que l’hypercholestérolémie, l’obésité, la sédentarité ou la consommation d’alcool

Les perturbateurs endocriniens : attention, danger ! Les perturbateurs endocriniens (PE) sont des molécules qui, en agissant sur le métabolisme hormonal, vont perturber le bon fonctionnement de l’organisme. Les PE ont trois principaux modes d’action : ils peuvent mimer, bloquer ou interférer avec l’action d’une hormone naturelle en saturant les récepteurs ou en gênant la fabrication, le transport et le métabolisme des hormones. Les perturbateurs endocriniens ont des effets néfastes sur la santé d’un individu mais aussi sur celle de sa descendance, l’effet de certaines molécules pouvant traverser les générations : ils joueraient un rôle majeur dans l’augmentation, en particulier de ces dernières dizaines d’années, du nombre de cancers, de maladies auto-immunes endocriniennes, de pathologies de la thyroïde, de troubles du système immunitaire et reproductif, de maladies neurodégénératives, d’hypersensibilités chimiques, etc.

De nos jours, l’Union Européenne dénombre près de 800 PE et quasiment tous les organismes vivants (espèces végétales comme animales) sont contaminés par ces polluants5. En effet, les perturbateurs endocriniens sont présents partout dans l’environnement : dans les aliments, les additifs alimentaires, les pesticides, les carburants (autrement dit la pollution de l’atmosphère), les cosmétiques, les détergents et autres produits nettoyants, les matières plastiques, certains médicaments, les peintures, la fumée de tabac… D’où l’importance pour les politiques et les autorités de santé de mettre en place des mesures adéquates et adaptées, en particulier concernant l’écologie et la préservation de l’environnement, afin de diminuer la prévalence des maladies chroniques en France.

Sources :

  1. OMS, Maladies non transmissibles : profil des pays 2014 – France.
  2. Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Les maladies non transmissibles ; mars 2013.
  3. Bonaldi C, Boussac M, Nguyen-Thanh V. Estimation du nombre de décès attribuables au tabagisme, en France de 2000 à 2015. Bull Epidémiol Hebd. 2019;(15):278-84. http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2019/15/2019_15_2.html
  4. Brauer M, Casadei B, Harrington RA et al. Taking a stand against air pollution – the impact on cardiovascular disease. A Joint Opinion from the World Heart Federation, American College of Cardiology, American Heart Association, and the European Society of Cardiology. 2021. https://www.ahajournals.org/doi/10.1161/CIRCULATIONAHA.120.052666 https://academic.oup.com/eurheartj/advance-article/doi/10.1093/eurheartj/ehaa1025/6122425  
  5. Colloque L’épidémie de maladies chroniques – Environnement chimique, obésité, diabète : un constat pour une meilleure prévention ; avril 2013